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Biographie d'Honoré de Balzac

Honoré de Balzac, (1799-1850), est un des auteurs les plus fascinants de la littérature française, et même mondiale.
Jeune homme bien déterminé à devenir écrivain et prêt à en payer le prix, dans la meilleure attitude de ce romantisme qui bat son plein quand il débute, rêveur plein de projets commerciaux mirifiques et incapable de faire les comptes, d'où faillites et fuites rocambolesques devant les autorités, dandy amoureux d'objets coûteux et clinquants, amant de duchesses et d'une comtesse ukrainienne qu'il finit par épouser quelques jours avant de mourir, homme laid, séduisant par le feu du regard et la force de la conversation, Balzac masque Balzac: s'il apparaît lui-même comme un personnage hautement romanesque, y compris dans ses excès de café et de travail nocturne, il faut oublier que cette vie est un roman pour ne considérer que l'oeuvre, puissante à l'égal de son créateur, et à quoi il a consacré sa vie au point de mourir prématurément de pur épuisement.

Le projet de la Comédie Humaine en tant que telle ne naît pas tout de suite. Balzac écrit d'abord des romans historiques à la mode. Il commence réellement avec les Chouans en 1829. Mais c'est avec une idée profondément nouvelle, et tout à fait géniale, qui apparaît en 1833 dans Le père Goriot que l'entreprise prend son caractère principal: le retour des personnages de roman en roman. Balzac l'explicite dans Avant-propos de 1842, date à laquelle il trouve le titre général, et justifie la cohésion de l'ensemble. Il s'agit de se faire "le secrétaire" de la "Société française", car "le hasard est le plus grand romancier du monde: pour être fécond, il n'y a qu'à l'étudier". Cela définit une position d'observateur, qui à elle seule rendrait Balzac précieux, car les 92 oeuvres rédigées constituent un véritable gisement de savoir sur la France de 1789 à 1850. On ne compte plus les chercheurs en sciences sociales qui font référence à Balzac, qui le considèrent comme un prodigieux témoin des évolutions considérables vécues par le pays dans cette période qui, en gros, voit s'instaurer la société capitaliste et son nouveau ressort de fonctionnement: l'argent, désormais maître incontesté de tous les pouvoirs.
Mais le projet balzacien ne se limite pas au "rendu" réaliste et très détaillé des rouages sociaux. L'Avant propos dit encore: ... "ne devrais-je pas étudier la raison ou les raisons de ces effets sociaux, surprendre le sens caché dans cet immense assemblage de figures, de passions et d'évènements ?". Le romancier ici se définit à la fois comme historien lui-même (discipline alors en train de naître sous sa forme moderne), sociologue (la sociologie naîtra quelques dizaines d'années plus tard), et bien sûr, philosophe et moraliste. Balzac a inventé environ 4000 personnages, dont on a pu compter 2209 dans les ouvrages parus, (il n'a pu écrire que(!) 91 romans et nouvelles sur les 137 prévus), car pour remplir cette ambition, l'oeuvre fera, selon la célèbre formule, "concurrence à l'état-civil". De même que les instituts de sondage aujourd 'hui travaillent sur un "panel" qui permet une vision exacte des tendances générales, de même ces milliers de personnages incarneront les positions, les itinéraires sociaux et politiques, les passions, les attitudes, les espoirs, les succès et les échecs, selon qu'ils auront maîtrisé ou pas la compréhension des nouvelles normes de fonctionnement de la société. Et cela est renforcé par l'organisation, le plan de l'oeuvre. En 1845, Balzac la divise en trois grandes parties: "Etudes analytiques, philosophiques, de moeurs", elles-mêmes subdivisées en "Scènes" ... "de la vie privée, de la vie de province, de la vie parisienne, de la vie politique, de la vie militaire, de la vie de campagne", au sein desquelles chaque texte trouve sa place.
Et le style? Comme pour le reste, il est marqué par la puissance évocatrice et la vérité de la peinture, d'où les fameuses descriptions, extraordinaires moments de vérité de la peinture, d'où les fameuses descriptions extraordinaires moments de vérité humaine et sociale. Balzac a été la référence obligée de tous ses successeurs, Zola en tête. Il a créé un monde et une forme romanesque dont les écrivains d'aujourd'hui ont encore du mal à se détacher. Il est lu et connu dans toutes les langues, et ne contribue pas peu au prestige intellectuel de la France. Mais au-delà de toutes ces considérations, la Comédie humaine est surtout, par sa lecture, une source de plaisirs inépuisables.

Yveline Levy- Piarroux