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La peur de l'an 1000
Ce sujet a été diffusé le 2 avril 2007. sur france 5

Sachez qu'en l'an mil, la Terre l'a échappé belle ! La millième année de la chrétienté officielle était normalement la date finale de notre planète. Dans les textes saints, il est écrit que l'Apocalypse devait avoir lieu à cette époque, le Diable venait sur la Terre et humains devaient souffrir mille douleurs pour expier leurs péchés.
Ensuite, l'Apocalypse, la révélation en grec, devait arriver. Les hommes devaient rencontrer Dieu et vivre éternellement.
A l'approche de l'année fatidique, toutes sortes de signes semblaient indiquer à l'humanité sa fin prochaine. Le trouble des contemporains de l'époque était grand car ils n'étaient pas sûrs de la vraie date de l'Apocalypse. Fallait-t-il compter à partir de la date de naissance du Christ ou de sa mort ?
Le climat entre 980 et 1030 était déréglé. Des pluies diluviennes firent pourrir les cultures ! Des hivers interminables... Ces dérèglements climatiques engendrèrent de terribles famines. La population mangeait de l'herbe, des racines ; mélangeait de l'argile blanche au peu de farine disponible... Des cas d'anthropophagie furent même signalés. Cette déplorable alimentation fut la cause de la naissance d'enfants monstrueux. La peste ravageait les villes et les campagnes d'Europe !
Les moines, qui étaient les seuls à savoir lire et écrire, notèrent d'innombrables passages de comètes, des combats d'étoiles, des lunes de sang, des chutes de météorites... Certains relevèrent même la présence de dragons dans le ciel !
En 1022, on alluma le premier bûcher pour brûler les hérétiques et autres sorciers alliés du Malin ! Les gens qui possédaient des biens les vendirent pour rejoindre Jérusalem afin d'y attendre le retour de Jésus. Et comme pour confirmer toutes ces observations scientifiques témoignant de la fin du monde, en 1033, date anniversaire de la mort du Christ, la pire des famines laissa la population exsangue.
En 1034, les Européens médusés constatèrent que la Terre continuait de tourner !
Le climat se réchauffa, le trop plein d'humidité disparut et les paysans purent cultiver des terres qui, jusqu'alors, étaient des friches.
Le XIe siècle fut un siècle d'innovation. Chaque année qui passait depuis l'an mil était appelée "an de grâce", car elle nous était octroyée par la grâce de Dieu.
Attention aux prêcheurs de mauvaises nouvelles. Le passage de l'an 2000 devait nous apporter son lot de catastrophes informatiques et autre bug mondial... Rien n'est arrivé !
Sachez que l'an mil est une sorte de poisson d'avril. Bien sûr, certains moines érudits de l'époque prédirent mille maux à leurs concitoyens. Il y eut quelques famines, quelques hivers très rudes, quelques éclipses, mais rien de plus extraordinaire que dans les décennies précédentes !
Tout cela est le fruit de manipulations historiques. Au XVIe siècle, pour tenir les peuples d'Europe, on a fait courir cette "vérité" historique sur les terreurs de l'an mil et ses fléaux qui puniraient ceux qui ne vivaient pas dans le droit-fil de la religion.
La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle marquèrent une période où l'anticléricalisme d'Etat fait florès. Les instituteurs racontèrent comment les curés terrorisaient le peuple pour le manipuler !
Bref, méfiez-vous des oiseaux de mauvais augure.

Pascal Pistacio